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Welcome to Iran – De Téhéran à Shiraz

Welcome to Iran !

"Welcome to Iran, mister!", me dit-on en me rendant mon passeport controlé très brièvement.

Cette phrase, que j'ai entendu pourtant si souvent aux postes frontières de chaque pays, n'avait pourtant pas la même résonance dans ma tête cette fois. "Welcome to Iran", ou plutôt "Welcome to amazing Iran". L'IRAN, un pays pour moi mythique, héritage de l'ancienne Perse, berceau du monde antique.

Retenez cette phrase : "Welcome to Iran", vous comprendrez par la suite au combien cette phrase résume à elle seule les six semaines que j'aurai passé dans ce pays.

(* question innocente * ) "Mais c'est safe l'Iran?".
Il est probable que si je devais rencontrer Donald Trump demain, il me demandera probablement des explications sur pourquoi je suis resté six semaines dans un "pays de terroristes". Mais si cette question devait m'être posée plus sérieusement, alors je répondrais tout aussi sérieusement que si j'avais pu rester trois mois, je l'aurais fait.  Mais mon projet est bien un tour du monde, et non un tour d'Iran. Mais je reviendrai assurément. Il s'agit du pays dans lequel je me suis senti le plus en sécurité.

Afin de ne pas écrire des articles trop long, j'ai choisi de séparer mon séjour en deux articles. Une partie sur l'axe touristique "classique", de Téhéran à Shiraz, puis un autre de mon épopée dans le désert au Lut et mes visites des îles du golfe persique.

Iran Itinary
Mon itinéraire

Vous êtes prêt à découvrir au combien les médias peuvent nous donner une vision totalement faussée d'un pays? C'est parti.

L'arrivée en Iran

Revenons au poste frontière de Astara, ville située entre l'Azerbaïdjan et l'Iran. Après avoir pris un bus entre Baku, la capitale de l'Azerbaïdjan, et Astara, je franchis la frontière à pied. Première grosse surprise, le passage est une formalité : dix minutes maximum. Hormis un contrôle de mes médicaments qui prendra cinq minutes, je me retrouve en Iran très rapidement.

Mon premier stop sera dans une ville nommée Qazvin.

Qazvin et son fantastique caravensérail

Pourquoi cette ville et pas directement Téhéran? Parce que j'envisage d'aller dans la vallée des assassins, et Qazvin est un excellent pied-à-terre pour visiter la vallée .

Alamut valley, de son vrai nom, aurait d'après la légende fait trembler maints souverains et chefs de guerre à cause des manipulations de son roi Hassan ibn al-Sabbah, connu pour avoir sous ses ordres un ensemble de tueurs en série, nommé les assassins. Anecdote rigolote : Le surnom "d'Assassins" ("Haschichins") vient des consommateurs de haschich, car la légende raconte que ces messieurs fumaient avant de passer à l'acte.

Lors de cette journée, que j'effectue avec un guide qui m'y amène en voiture, je visite le château d'Alamut, forteresse construite en 840, réputée imprenable. Seul Genkis Khan réussira à s'emparer des lieux. La forteresse est une ruine malheureusement, et les recherches archéologiques sont dérisoires comparées au poids de l'histoire, "faute de budget" m'explique mon guide, même s'il admet par la suite que "les mosquées en or construites dans tout le pays trouvent toujours du budget". no comment...

Petit déception pour moi, un gros brouillard m'empêche de comtempler la vue. Je ferais donc uniquement appel à mon imagination pour me voir entre deux assassins dans ce château vieux de 1200 ans.

Rien à voir...

Néanmoins, le trajet en voiture dévoile la vallée dans son ensemble. 23 forteresses siégaient là auparavant, aucune ne reste (du moins, d'après les rares recherches actuelles...). Mais le paysage est splendide et vaut à lui seul le déplacement.

Alamut valley

Pour mes premiers jours en Iran, une super visite rendue possible grace à mon guide Hossein, trouvé sur TripAdvisor et que je ne peux que recommander.

Hossein et moi

Anectode rigolote sur mes premiers jours en Iran : avant d'arriver à Qazvin, je décide d'aller visiter un pays village dans les montagnes, nommé Masuleh. Mon plan est de visiter le village en prenant un taxi partagé depuis la ville à coté, puis d'aller à Qazvin dormir en Couchsurfing, dans la famille de mon hôte Fatemeh.

En arrivant à la station de taxi, je rencontre un couple d'iraniens, Fereshte et Saleh, avec qui je sympathise dans le taxi. Après quelques minutes et un "Welcome to Iran", ils me proposent de dormir chez eux à Qazvin en revenant de Masuleh. Je refuse poliment, puis Fereshte me demande si je dors chez Fatemeh. Ne lui ayant pas dit le nom de mon hôte, je suis étonné, mais il se trouve que Fereshte est l'une des meilleures amies de Fatemeh. Belle coïncidence !

Je passe la journée avec eux à visiter ce petit village, dont la vue est... brumeuse ! Mais un bon moment avec la neige qui s'invite à la visite.

c'est beau

Je passe par la suite deux nuits à Qazvin, puis une nuit chez Fereshte et Saleh, qui me proposent de dormir chez eux après mon Couchsurfing. Saleh va même plus loin : Etant responsable de train, il me propose d'aller avec lui à Téhéran en train (* sans payer *) . L'attention est adorable, j'accepte 🙂

un super couple !

L'arrivée à Téhéran

J'arrive à Téhéran tôt le matin le 19 janvier, car le train démarre à cinq heures du matin.
La plupart des guides suggèrent de rester peu à Téhéran, capitale polluée au traffic intense, et sans réel point d'intéret. Néanmoins, comme toujours lors de mon voyage, je décide de rester quelques jours, pour m'imprégner de l'atmosphère.

Le premier point positif est que je séjourne dans une auberge de jeunesse flambant neuve, tenue par six voyageurs qui ont décidé d'importer le concept d'auberge en Iran, encore trop peu répandu, le Téhéran héritage hostel. J'y rencontre par ailleurs plusieurs français et un danois, Peter, avec qui je sympathise et que je reverrai dans plusieurs villes d'Iran (Kashan, Yazd, Shiraz)

Ma visite de la ville est marquée par deux endroits particuliers.

Tout d'abord le Golestan, le palais présidentiel, dont les détails sont remarquables, et vaut le détour, malgré un prix quelque peu exagéré.

Un saut dans l'histoire récente

Ensuite, pour ce qui sera mon coup de coeur de la ville, la visite de l'ancienne ambassade américaine. Au delà des graffitis sur les murs qui montrent une propagande anti-américaine toujours très forte, il est possible de plonger dans l'histoire récente du pays, avec un guide inclus dans la prix de la visite (Rappel, il n'y a plus d'ambassade américaine fonctionnelle à Téhéran depuis 1981).

Salle d'interrogatoire ultra confidentielle, salle d'archive avec ordinateurs , coffre contenant des papiers top secrets (dont certains montrent que le shah d'Iran avait des discussions directes avec la CIA, faits évidémment non reconnus par les Etats-Unis encore aujourd'hui 🙂 ), la visite me touche au plus haut point.

Il existe un film sur le sujet, nommé Argo. Mais les iraniens n'aiment pas trop ce film, car celui-ci met en lumière un mauvais traitement des prisionniers de l'ambassade, ce qui n'est, d'après eux, pas le cas : les femmes ont été relachées très tôt, les familles pouvaient visiter les prisonniers etc. Comme toujours, on ne saura jamais vraiment ce qui s'est passé.

A Téhéran, c'est aussi l'occasion de confronter quelques clichés médiatiques "de l'Ouest" à la réalité.

1. L'Iran, un pays dangeureux, voire "de terroristes"?

Mon ressenti personnel est totalement opposé. Je ne me suis jamais senti en danger, ni même stressé par une quelconque situation. La culture iranienne est de traiter les ressortissants étrangers comme "des invités". A l'image de Saleh et Fereshte, je me suis fait inviter plusieurs fois à boire un thé ou du vin, voire à passer la nuit.

Un exemple de convivialité? Lors de l'achat de ma carte sim dans un magasin, la personne a eu des difficultés à configurer ma sim. Voyant que j'ai un téléphone de la même marque que lui, il se prend d'amitié pour moi, et me propose de venir chez lui boire du vin (ndlr : l'alcool est interdit en Iran). Ne parlant pas très bien anglais, nous discutons par Google Traduction.

Sentiment iranien sur la politique

Ainsi, je pense qu'il faut bien séparer les iraniens de la politique du gouvernement, amalgame trop souvent fait quand on parle de l'Iran en Europe.

2.Le port du voile

On ne peut pas passer à coté du sujet en Iran. Toute les femmes, même non iraniennes, doivent porter un voile. Du hijab traditionnel noire, aux tenues plus colorées et décontractées (un peu de cheveux visible), Téhéran est moins conservatrice que d'autres villes plus religieuses comme Qom ou Mashad. L'occasion pour moi de voir l'évolution de la société, entre des personnes baignant dans la religion, et cette nouvelle génération de femmes, plus libérée, comme le montre la photo suivante.

Hijab, entre conservateurs et alternatifs - Cheveux verts, jaune brillant, cigarette

 

Hijab - Génération conservatrice

3. Le rapport aux Etats Unis.

La propagande anti-américaine et anti-israel est encore tres présente. Les iraniens dans l'ensemble ne font pas l'amalgame peuple/politique cependant.

Propagande anti Israël au bazar de Téhéran

 

down with USA

Pour finir sur Téhéran, quelques autres photos intéressantes du Bazar, entre safran et habits :

De Téhéran à Esfahan, par Kashan et Abyaneh

Passé ces 4 jours, je me rends à Esfahan, ancienne capitale de l'Iran (fait historique : l'Iran a changé 33 fois de capitale, chaque ville a plus ou moins été capitale à un moment). Sur le chemin, je passe à Kashan quelques jours puis Abyaneh, un petit village ressemblant à Masuleh. Le temps est clément, et la balade dans la ville est sympathique. On s'imprègne de l'atmosphère de ces petits villages qui n'ont du guère changer à travers les années. La petite randonnée dans les montagnes à coté donne lieu à de beaux panoramas.

Abyaneh

De Téhéran à Kashan, j'expérimente l'auto-stop, très facile en Iran si on est patient (il faut bien préciser "Madjanee" (gratuit) quand une voiture s'arrête, car la pratique n'est pas courante en Iran).

Kashan en Farsi

Une voiture me prend après dix minutes d'attente. Le chauffeur me demande où je dors ce soir. N'ayant pas de plans particuliers, il appelle un de ses amis, qui se propose de m'héberger ("Welcome to Iran !"). En arrivant, cette personne me propose d'aller au restaurant manger et de fumer un narguilet, pratique très courante en Iran. Bien entendu, tout ça m'est offert bien sur. Merci Omid 🙂

Narguilet à Kashan

Kashan est une ville de taille moyenne, connue surtout pour ses belles maisons. J'y séjournerai trois nuits, accueilli gratuitement par l'ami d'une personne rencontrée dans un taxi au retour de Masuleh quelques jours auparavant ("Welcome to Iran !" 🙂 ).

Je visite aussi le jardin de Fin avec mon ami Peter, retrouvé quelques instants plus tôt, et je m'imprègne du savoir faire perse pour les jardins. Par ailleurs, en allant en bus au jardin, nous discutons avec des jeunes enfants qui parlent bien anglais. Ils sont très content de nous parler et de parler... football (et de Zidane) 🙂

Peter qui aide la réparation d'une guesthouse

Jardin de fin

 

Lors du déjeuner, une personne vient me demander si je suis français. Voyant mes bonnes bases en anglais, elle me propose de venir dans un centre de langue qu'il dirige, afin d'aider les étudiants en anglais à se confronter aux accents de chaque pays. C'est avec enthousiasme que j'accepte. Je passerai en tout deux séances d'une heure dans l'institut, avec un groupe d'iraniens très motivé et très curieux de mon voyage. Bien entendu, certains m'ont invité chez eux ("Welcome to Iran"), dont la professeur d'anglais, qui invite un autre francais et moi chez ses parents.

De plus, je deviens célébre dans la ville, en me faisant interviewer par la télévision locale. L'enjeu est énorme : quel est mon avis sur les gens qui traversent en dehors des passages pour piétons? XD

Ma réponse est sans appel, je déconseille de traverser ! La police, présente sur les lieux, démarre une légère dispute car une personne filme la voiture de police. On était pas loin de la grosse embrouille ! ^^

Interview à Kashan

Enfin, je ne peux conclure sur Kashan sans montrer quelques belles photos des gens. Je pensais qu'ils étaient iraniens, ils sont en fait afghans.

Enfants à Kashan

Un groupe de 4 afghans à Kashan. Une de mes meilleures photos d'après moi. Le regard, la composition...

Après Kashan, vient Esfahan, surnommée "Half of the world" par les iraniens : La plus belle ville d'Iran pour certains. Pour être honnête, je suis un peu déçu. La place principale est une merveille, je l'accorde, mais le reste est beau sans être époustouflant. J'y resterai trois jours, en Couchsurfing.

Half of the world

Un groupe d'iraniens en formation d'anglais

Le berceau de l'humanité : L'une des plus vieilles villes au monde Yadz et la visite de Shiraz

Après Esfahan, je pars en bus vers Yazd. Notons que le réseau de bus iranien est tres developpé et très abordable financièrement (quelques euros par trajet).

Je passerai en tout 4 jours à Yazd, dont je dédierai un article spécial tant la ville et les alentours sont riches en terme d'histoire.

Yazd

Après Yadz, je me dirige vers Shiraz.

Shiraz, dont le nom m'était inconnu avant de venir, est l'une des villes les plus libres d'Iran (comprendre moins religieuses). Je séjourne dans une auberge pendant une semaine (le Taha hostel ), dont l'emplacement et le cadre sont parfaits.

La visite de la ville est plaisante, mais relativement rapide. La tombe sacrée de Shiraz est incontournable , mais c'est surtout la visite de la mosquée rose qui m'aura touché.

La mosquée rosé, Pink Mosque, c'est LA mosquée présente sur toutes les photos de l'Iran. Une mosquée dont la couleur principale peut facilement se deviner. Mais au-delà de cette couleur, c'est surtout le reflet des rayons du soleil dans la salle de prière au petit matin qui fait sa rénommée. Je rentre dans la salle à sept heures, au moment où le nombre de touristes est encore limité, les couleurs sont extraordinaires. Je reste plusieurs heures à comtempler le jeu de lumières progressivement s'installer au fur et à mesure que le soleil est haut dans le ciel.

Pink mosque Shiraz

Pink mosque Shiraz

Persépolis, le joyau antique de la Perse

Un immanquable de Shiraz est aussi Persépolis, que je visite avec Nazli, une iranienne rencontrée à l'auberge, et Hervé et Ivo, respectivement francais et hollandais. Nazli possédant une voitre, elle nous propose gentiment de nous emmener.

Pour moi, Persépolis était l'une de mes motivations à venir en Iran. Cette ville en ruines, capitale de l'empire achéménide, 1500 ans d'histoire, est un centre historique comme il y en a peu dans le monde. Imaginez vous au milieu de ces ruines, qui étaient auparavant le centre économique de la Perse, l'un des royaumes les plus influents du monde. C'est tout simplement magique pour moi.

Fait intéressant, un casque de réalité virtuel peut etre loué à l'entrée ce qui permet de se rendre compte encore plus de la grandeur de l'endroit. Magnifique !

Persepolis, Fars province, Iran & occulus rift

Je compare cet endroit à Ephèse en Turquie, si vous connaissez. Un site historique certes pas forcément bien conservé, mais intéressant et captivant. Des cryptes peuvent aussi être visitées, et une petit randonnée dans la montagne proche donnent des points de vue très beaux. La visite dure néanmoins "juste" deux heures.

Persepolis, Fars province, Iran

Le lac de Maharloo, lac rose

Lors de mes derniers jours à Shiraz, j'ai aussi l'occasion d'aller au lac de Maharloo, lac de couleur rose, comme il en existe peu. Si la période n'est pas propice à une grande quantité d'eau, la couleur rose est bien présente, ce qui permet de nous rendre compte comme la nature est belle. Cette fois ci, j'irai avec trois australiens et Nazli toujours.

Lac de Maharloo, Fars province, Iran

Lac de Maharloo, Fars province, Iran

l'Iran, la culture orientale

En retournant à Shiraz, nous sympatisons avec des iraniens, dont l'un joue du Santour, un instrument de musique local. Je suis émerveillé par cet instrument, à cordes frappées, dont le son strident est par construction proche de la musique orientale.

Vous l'aurez compris, j'ai été émerveillé par l'hospitalité Iranienne, par les paysages et la culture.

Mon seul regret? la nourriture. Si j'ai pu manger de délicieux mets chez l'habitant, ou dans de bons restaurants, j'ai la plupart du temps mangé dans des restaurants bas de gammes, à base de riz et kebabs, pas franchement fameux.

C'est souvent comme ça le voyage, on arrive avec des préjugés et des attentes, on ressort déçu de nos attentes, mais émerveillé par la reste, par des surprises, par les rencontres, par des paysages que nous n'aurions pas pensé voir.

Je quitte Shiraz dans la nuit du neuf février, dans un bus de nuit, direction Kerman, avec pour objectif le désert de Luts, le désert le plus chaud du monde !

Mais ça, c'est pour un autre numéro 🙂 A vos commentaires en attendant sur mon nouveau site, la forme, le fond, tout conseil est bon à prendre 🙂

Une journée dans le désert de Luts

Ne rêvez pas votre vie, vivez vos rêves

Xavier

Worldtrip 2017-2018 est un projet de tour du monde en solitaire. Parti en septembre 2017, j'ai traversé l'Europe, puis pris le transsibérien, avant de visiter l'Asie Centrale, l'Iran et l'Inde. Vous pouvez suivre mes aventures sur ma carte de voyage, ainsi que sur Instagram !

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