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Traverser la mer Caspienne en ferry (Kazahkstan – Azerbaidjan)

Ferry Caspian Sea
Temps de lecture : 7 minutes

Le réveil sonne. 10h30.

J’ai le regard lourd et ai du mal à ouvrir les yeux. Mais comme depuis deux jours, mon premier réflexe est d’envoyer  aux trois numéros que je possède dans mon téléphone le message suivant :

« Привет, есть ли пароход (Актао-Баку) на сегодня ? »
Ou
« Bonjour, y a t il un ferry entre Aktao et Baku aujourd’hui. »

Ces deux derniers jours, la réponse était négative. De plus, je n’avais pas trop d’attentes car Joao, le portugais rencontré sur ma route et qui doit aussi traverser le mer caspienne avec son van avait eu une information qu’aucun ferry ne ferait la liaison ce lundi.

Puis la réponse suivante me fut envoyée.
« Сегодня 24:00 »

Aujourd’hui minuit.

Damm it. Déjà ? Moi qui m’attendait à passer une journée de plus à Aktao, à travailler mes articles ou juste me reposer, l’information est tombée, j’embarquerais pour Baku et l’Azerbaïdjan dans 13h!

Mais revenons deux jours auparavant.

Après 27 heures de train entre Noukous (Ouzbékistan) et Aktao (Kazahkstan). J’arrive peu frais à huit heures du matin à la gare de Marguilan, à dix kilomètres de Aktao. Peu frais, mais motivé, je veux directement rejoindre le port afin de prendre les informations sur les ferrys entres Aktao et Baku en Azerbaïdjan.

Mon but, vous l’aurez compris est de traverser la mer caspienne, seul moyen non aérien de rejoindre l’Iran depuis l’Asie centrale pour moi (les autorités turkmènes m’ayant gentiment refusées le visa pour le Turkménistan..).
Mais pour cela, il ne faut pas s’attendre à nos habitudes européennes de sociétés rodées qui vendent des billets en ligne à des heures précises. Pour traverser la mer, il faut embarquer sur des ferrys commerciaux qui acceptent des passagers supplémentaires en échange de 80 USD. (tarif décembre 2017).

Les liaisons sont incertaines, dépendant du temps, des objets à transporter, des jours de travail, de l’âge du capitaine.

En arrivant au port, après avoir pris les transports en commun, la température est vite prise. Pas de bateau aujourd’hui (samedi), pas demain, peut être lundi. On me donne une adresse de vente de billets, à laquelle je dois aller chaque jour pour voir si un bateau part le jour même.

Ayant peu confiance en les informations que l’on me donne, je double voire triple les confirmations, je choisis donc d’aller voir le bureau de vente suggéré. L’information est la même, pas de bateau aujourd’hui, mais peut être demain (ah tiens, c’est un peu différent déjà ^^). On me donne un numéro de téléphone, à appeler tous les jours, pour vérifier la disponibilité. De plus, grâce à des informations trouvées par internet, je récupère deux autres numéros. Je n’ai aucune idée de qui il s’agit mais ils devraient à priori pouvoir m’informer sur la disponibilité des bateaux.

Et alors j’attendis… Deux jours entiers qui sont finalement passés assez vite, à classer mes photos, discuter avec les amis, réfléchir à mon trajet, glander. Glander, c’est un peu ma valeur sûre.

La journée du lundi va aussi passer vite. Après avoir eu l’information du bateau, je rejoins Joao annoncer la bonne nouvelle. Il est onze heures, nous avons le temps d’aller acheter les billets, surtout que lui doit faire des papiers supplémentaires pour son van.

Arrivés à l’agence de vente, ceux-ci nous informent que les billets sont vendus uniquement au port pour cette compagnie de bateau, et que la pause déjeuner est dans quinze minutes : « Allez à 14 heures au port ».

Alors nous y allèrent. Joao part faire les papiers pour son van. Moi j’attends. En effet, les billets ne seront vendus qu’une heure avant le départ, soit 23 heures…

Le port étant à plusieurs kilomètres du centre ville, il est dur de se motiver à bouger. Néanmoins, Joao, parlant russe, arrive à négocier une vente de billet en avance. 25000 tengue, c’est parfait, nous avons le billet passager à 15h30!

S’en suit une attente sans réel intéret jusque minuit et le départ du bateau….


Vous pensez vraiment que le bateau est parti à minuit ? ^^


L’histoire est autre.
Pour embarquer sur le bateau, il faut d’abord passer au service de douanes pour le contrôle de passeports.

« Venez à 19h ». « Non 22h » « Hmmm 21h plutôt ». Toutes les informations sont contraires. Je croyais que la vente de billet était à 23h, comment je peux avoir le contrôle de passports avant ? Bref un bon moment.

le café avec internet, au port

La vérité, c’est qu’il ‘y a pas d’heure. Le bateau arrive quand il arrive, et part quand il veut.

Je pars faire un tour, je reviens à 23 heures. J’attends dans la salle d’attente jusque 0h45, puis on m’amène dans une autre salle d’attente avec tous les routiers qui embarquent avec leur véhicule. Nous serons environ trente. Je suis l’un des deux seuls passagers sans voiture, et l’un des deux seuls européens avec Joao.
Le contrôle des passeports dure pour moi dix minutes. Je suis sur le bateau vers une heure du matin.
Le contrôle des voitures est encore une toute autre affaire. Il faut bien trois heures pour faire embarquer tous les véhicules.

En arrivant, la femme de bord, très gentille, me donne mes clés de ma cabine. J’ai le luxe d’avoir une cabine seul, spartiate certes mais qui fera bien l’affaire.

Nous embarquons réellement à 4h45 du matin. C’est parti. Quelle journée ! La femme de bord m’informe que le petit déjeuner est à 7h30. « ok », sans grand espoir de me voir lever à cette heure. Morphee m’emporte assez vite.

Ma nuit de sommeil s’achève brutalement lorsque la femme de bord toque à la porte fortement pour m’informer du déjeuner. Celle-ci ne cesse de toquer que lorsque j’ouvre ma porte et part avec elle. Obligé d’aller déjeuner ici 😀

Le petit déjeuner n’est pas copieux mais a le mérite d’exister. Oeufs, jus et pain pour démarrer la journée… Ou plutôt une parenthèse de nuit, car je pars directement me recoucher… Jusque midi, où la femme de bord re-toque à ma porte pour déjeuner. La running joke du jour, je repars manger.

Petit déjeuner
Repas

La vie sur le bateau est paisible. Tout est fourni, de l’hébergement à la nourriture, avec des douches chaudes aussi. On est pas dans le luxe des bateaux de croisière, mais au moins on peut voyager correctement.

En me baladant sur le bateau, je remarque comme le vent souffle fort. Mais la vue sur la mer est belle et reposante.

Ferry Caspian Sea

Je regarde alors ma position GPS. On est parti depuis 13h et on est proche de Baku. On ne devrait plus tarder.

Ferry Caspian Sea

Fin de l’histoire ?

Non.

Je remarque que le bateau n’avance plus. Alors je m’interroge. Ma réponse tombe vite. La météo est trop forte du côté de Alat (ville à côté de Baku où nous allons), on ne peut pas aller au port.
Alors on attend. En demandant à quelques personnes, cette attente peut aller jusqu’à une semaine ! Ah ouais, on n’a jamais fini d’attendre en fait ! Bon et bien, je repars me coucher ^^.

‌Nouvelle journée sur le bateau. Cette fois, je maitrise les horaires des repas, et m’initie même à une partie d’échecs avec un russe rencontré sur le bateau. Résultats des courses : une victoire, un nul, une défaite.

Je ne parle pas trop russe, mais les échecs sont un langage universel 🙂 

Puis la bonne nouvelle tombe à 17 heures. On peut aller au port, après 24 heures d’attente. « On arrive dans vingt minutes »! Ah oui ok, c’est rapide cette fois !


Ou pas ! 

Le temps d’amarer, nous attendons encore une bonne heure. Puis vient le contrôle de douanes du bateau qui reprend facilement 45 minutes. Nous pouvons sortir du bateau vers 20h, après être parti 40h auparavant !

Mon contrôle de douanes est une formalité ! « Welcome to Azerbaïdjan! »  Celui ci de Joao un peu moins. Son véhicule est soi disant trop puissant pour rentrer en Azerbaïdjan. Le poste de douane essaie de l’aider afin qu’il puisse rentrer dans le pays. Cela prendra plus de quatre heures…
Pour ma part, après avoir attendu avec lui deux heures, et voyant le temps passé, je choisis de rejoindre Baku en taxi. Je pose mes affaires dans ma nouvelle auberge vers minuit, soit 48 heures après avoir quitté le sol kazakh.

On m’avait prévenu que la traversée de la mer caspienne serait une expérience : Je suis arrivé samedi 8 heures du matin à Aktao, j’ai posé le pied à Baku mercredi soir minuit, soit 5 jours de voyage. L’expérience est là ! 🙂

Après cette traversée, je choisis de rester quatre nuits à Baku, ville moderne très européenne. Le WiFi est excellent, les infrastructures aussi. J’en profite pour faire une lessive aller chez le coiffeur, et surtout préparer mes prochaines semaines en Iran, deuxième point très fort de mon voyage pour moi. Je suis excité à l’idée de rejoindre ce pays à l’histoire et la culture forte, et je n’ai pas de doutes que j’aurai des souvenirs plein la tête dans un mois. Mais ça, c’est pour un autre article 🙂

On est le 14 janvier,et après quatre mois et un jour de voyage (bon anniversaire !), je prends le bus en direction de Astara, à la frontière iranienne.

La suite au prochain numéro !

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Ne rêvez pas votre vie, vivez vos rêves

Xavier

Worldtrip 2017-2018 est un projet de tour du monde en solitaire. Parti en septembre 2017, j’ai traversé l’Europe, puis pris le transsibérien, avant de visiter l’Asie Centrale, l’Iran et l’Inde. Vous pouvez suivre mes aventures sur ma carte de voyage, ainsi que sur Instagram !

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